Je n’avais pu y passer que 24 heures, la mission que je devais y accomplir n’en demandait pas plus : accueillir une collègue journaliste polonaise et rentrer avec elle au pays, en RDC, pour réaliser un documentaire. Cette deuxième fois revêt un caractère plus important de par sa durée mais, surtout, par la mission qui nous sera confiée : nous avons 12 jours, nous, les 12 journalistes africains avec nos 12 collègues européens, pour apprendre à être le changement pour et par nous-mêmes, pour et par notre métier (la plume, qu’elle soit numérique, analogique ou traditionnelle), pour nos communautés respectives, pour le monde.
Le plus grand défi est là. Et ce n’est qu’à mon arrivée au lieu d’hébergement que je mesure alors l’ampleur de cette aventure dans le quelle je me suis embarqué.
A la réception de l’hôtel, je croise quelques unes des participantes venues du Burundi et du Rwanda… Le premier contact est glacial. A peine avons-nous réussi à nous dire quelques mots. J’ai peur… La question me vient à l’esprit => « team building » : mission impossible ?
« Ropes », cette corde avec ses 24 fils…
« Ropes » c’est le pluriel en Anglais de corde. La corde en question n’était pas seulement le lien qui nous unissait, mais plus, c’était nous la corde, notre groupe : la famille du changement.
Notre corde, elle a 24 fils et 6 façonneurs. Cette corde qui caractérise la force que nous représentons si nous demeurons unis dans le
Respect,
l’Objectivité,
la Patience,
l’Egalité…
bref si nous demeurons unis dans les règles que nous sommes fixées.
Le danger étant en effet que chaque fil de la corde donne plus d’importance à l’endroit, la famille, le background de sorte que, une fois hors de Kigali, la corde ne se désagrège. Oui, après Kigali, puisque tant que nous étions là nous avions encore le temps, la possibilité et même la sollicitude de nous rappeler de toutes ces règles qui nous unissent et que Sonia Sem, l’une de six façonneurs de la corde appellerait « The Link ». Rien ne pourrait détruire cette corde si les 30 magiciens du « magic circle » restent unis comme s’ils étaient toujours à Kigali…
Créer des liens solides, condition de réussite sine qua non
Et c’est là que pour moi interviennent tous ces espoirs et ces peurs suscitées à Kigali dans ce cercle qui avait tout de “Magique”, “Magnétique”, “Sympathique”, “Spécial”, “Héroïque”, “Ambitieux”, “Pure”, “Joyeux” et bien sur…de “Cool”. Cela vous dit quelque chose ? Ce sont quelques uns des noms que nous avons décidé de prendre pour cette “Aventure” “Intéressante”… encore deux autres noms de notre “changement”.
« Wants and fears », quand la certitude et l’incertitude cohabitent…
Nous étions certains que nous allions à Kigali pour tenter notre chance d’être le changement… Pleins d’espoir, de projets enthousiastes, nous sommes allés. Apres quelques activités seulement, il nous a été demandé de faire part de nos craintes et de nos attentes. Nous nous rendons alors compte à quel point ce groupe est déjà important pour nous qui venons à peine de nous rencontrer. Il ne s’agit plus seulement de dire ce que nous sommes venus faire et ce que nous craignons mais nous disons ce que nous venons de découvrir, ce que nous sommes Déjà capables de faire ensemble. Nous venons de découvrir ce que pourrait représenter la perte que cela serait de ne rien faire de ce groupe, de cette famille par delà nos différences.
Alors elles coulent, craintes et attentes. Elles coulent à n’en plus finir. Parce que nous avons des attentes, une diversité d’attentes qui a prouvé combien le « magic circle » était en train de produire de magiciens très enthousiastes, pleins d’espoir pour cette nouvelle génération qu’ils sont censés constituer. Curieusement, contrairement aux attentes, les craintes sont largement partagées. On a peur que l’aventure se termine après ce premier pas. Cette aventure qui m’a fait rencontrer “Lovely” Lela, la charmante Tchèque, “Heroic” Hervé, le valeureux «Belgicain », Benjamin et Soraia les bruyants amis du “Bertugal”, le très énergique quatuor roumain, l’authentique duo burundais, etc.
Le cercle magique, celui duquel rien ne sort, celui dans lequel on peut être soi-même
La crainte était qu’après tout ce temps la couleur rouge, bleue ou verte de nos passeports, la couleur blanche ou noire de notre peau puisse reprendre le dessus alors que nous avons appris à voir autre chose, plus à l’intérieur, en profondeur : nous avons appris à nous connaitre.
Ainsi dans nos cœurs des incertitudes sont venus rencontrer les certitudes que nous avions à notre arrivée, ces dernières renforcées à leur tour par la diversité des attentes exprimées par les 30 magiciens. Ce jour là, pour attente j’avais écrit « HELP ». Eh oui ! ne soyez pas surpris ni déçus. C’est bien de l’« AIDE » dont j’ai parlé!
Je suis sûr que certains qui me liront se diront : « Ils sont toujours là à demander ces Africains !!!». Mais ne me voyez plus comme Africain parce que parmi nous je ne vois plus des Africains, des Européens. Je vois une nouvelle génération, 30 magiciens du changement.
Cette aide dont j’ai parlé c’était celle qu’un journaliste peut apporter à son confrère, qu’un jeune peut donner à son congénère, celle qui peut venir aussi bien de l’Afrique vers l’Europe que de l’Europe vers l’Afrique sans autre considération subjective liée à mon apparence, à la partie visible de l’Iceberg,… Sabrina et Hervé vous en ont dit quelque chose dans un article précédent.
Quelle sera ma joie si un jour j’aidais Andras à mieux présenter la situation de mon pays à ses compatriotes Hongrois, ou Heleri à ses compatriotes Estoniens et vice versa ? J’aurai aidé la Hongrie à mieux comprendre la RD Congo et Andras à mieux informer. Voilà mon attente : le « Network ».
Apres 12 jours, le plus dur reste à faire. Pour cela ayons toujours à l’esprit la règle de la corde, très chère aux Belges : « L’union fait la force »… 24 fils pour une corde, 30 magiciens pour un « magic network ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire